Recruter dans les énergies renouvelables : entre incertitude politique et conviction écologique

Les talents d’Achil : Léa Blanchard

Dans les énergies renouvelables, le recrutement se joue dans un climat incertain. Les candidats restent mobilisés par la cause écologique, seulement si les entreprises prouvent leur sincérité… Un véritable défi pour les recruteurs, qui doivent conjuguer contraintes et attractivité.

Recruter dans les énergies renouvelables en 2025, c’est :

  • Composer avec l’opinion publique et les débats climatiques
  • Evoluer dans un secteur politisé, influencé par l’actualité, parfois clivant.

Mais c’est aussi une filière qui porte une mission sociétale forte, en l’occurrence la transition énergétique, et les recruteurs peuvent s’appuyer sur la conviction écologique des partenaires et des talents.

Comment les EnR s’adaptent à ce contexte fluctuant, tout en restant solides dans leurs engagements ?

Léa Blanchard, recruteuse indépendante spécialisée dans les énergies renouvelables et membre du collectif Achil, nous partage ses coulisses RH, d’un environnement à la fois exigeant et porteur.

EnR sous pression politique, mais pleines d’opportunités pour l’emploi

Depuis la rentrée 2025, le secteur des énergies renouvelables traverse une nouvelle période charnière. D’un côté, la réglementation et l’instabilité politique perturbent son développement. De l’autre, l’urgence climatique et la nécessité de transition énergétique continuent de tirer la branche vers l’avant.

Léa : “Dans ce contexte persistant, c’est tout le business qui est impacté. Forcément, ça crée de la peur, donc ça freine les investissements et les recrutements dans ce secteur.”

Et pour cause, Léa explique :

“Tout part de la proposition de loi Gremillet, qui visait à réorienter la politique énergétique française pour 2025-2035, en donnant plus de place au nucléaire et en ralentissant certaines énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien. Après son rejet massif par l’Assemblée Nationale le 24 juin, le Sénat l’a adoptée en version modifiée le 8 et 9 juillet, en réaffirmant le rôle des EnR.

Le texte est en attente d’une nouvelle lecture et le est calendrier toujours suspendu à ce jour.

Cette mesure aurait pu compromettre jusqu’à 130 000 emplois dans les filières du solaire et de l’éolien, affectant les entreprises, les sous-traitants et les artisans (notamment dans les territoires ruraux.)

En toute logique, ce flou autour de la loi Gremillet amène les entreprises à rester prudentes.”

Les freins sont réels. Cependant, on entrevoit quelques rayons de soleil dans ce tableau un peu sombre. 2 signaux positifs :

  1. Tout d’abord, les enquêtes d’opinion révèlent un soutien massif à la transition énergétique. Selon une étude IFOP/Engie, 68 % des Français souhaitent une accélération du développement des EnR dans les 5 prochaines années et 84 % en ont une bonne image, avec un pic de 94 % chez les riverains d’installations. Voilà qui démontre que l’exposition directe au sujet renforce l’adhésion et offre une perception plus informée et nuancée.
  2. Ensuite, les énergies renouvelables constituent le moteur de l’industrie verte et de l’emploi en France. D’après Léa, le secteur des EnR continue de croître, les projets existants doivent être maintenus, exploités et développés. La demande de profils qualifiés reste présente, surtout sur les postes techniques. Un gisement d’opportunités, puisqu’en France l’ensemble des EnR (électriques et thermiques) pourrait représenter plus de 236 000 emplois en 2028, contre 102 000 emplois en 2024 (chiffres SDES – Statistique publique de l’énergie, des transports, du logement et de l’environnement + étude menée par le Syndicat des énergies renouvelables et le cabinet EY.)

Mais ce, à condition que l’écosystème prouve la solidité de ses promesses.

Quand la politique pousse à adapter son recrutement

Ces contraintes n’impactent pas uniquement les projets, elles transforment également le recrutement.

Les entreprises recrutent toujours, mais d’une manière plus flexible.

Moins de CDI, plus de CDD, freelances, sous-traitants et profils clés.

Léa a su traduire ça avec plusieurs pivots concrets.

Premièrement, la demande s’est déplacée des profils commerciaux vers des chargés d’appels d’offres, capables de répondre aux nouvelles exigences administratives. Elle se concentre donc davantage sur cette fonction.

Deuxièmement, Léa se tourne désormais vers des entreprises aux activités diversifiées, moins dépendantes d’un seul segment comme le photovoltaïque par exemple. Elle a élargi son portefeuille client.

Enfin, dans ce marché tendu, ses entreprises clientes deviennent de plus en plus sélectives. Elles attendent des profils hautement spécialisés qui cochent le maximum de cases. Ce qui implique un ajustement de sa posture.

Léa : “Ma mission s’est orientée vers une chasse de “pépites”, autrement dit, de profils rares, alignés avec des besoins devenus plus pointus. Les entreprises sont frileuses et ne peuvent pas se permettre de prendre des risques.”

Une réalité qui touche bien plus d’un recruteur. Une exigence qui suggère une maîtrise parfaite de son secteur, de ses métiers, de ses enjeux.

Comment apprivoiser un secteur pour gagner en crédibilité ?

De base, Léa n’était pas destinée aux EnR. C’est en rejoignant ce secteur par opportunité qu’elle en a progressivement saisi les subtilités et qu’elle a construit sa légitimité.

Son approche : écouter, questionner, apprendre.

Les échanges avec les managers et les candidats sont devenus autant de leviers de montée en compétences. Une immersion qui lui a permis de comprendre cet univers et ses dynamiques de marché.

Léa : “J’ai acquis ma crédibilité auprès de personnes compétentes dans ce domaine. Déjà, les managers, des pointures dans leur métier, qui étaient très ouverts à la discussion. Je me suis ainsi familiarisée avec toutes les normes. Puis, les candidats. Certainement la meilleure ressource. Ils aiment raconter leur quotidien. C’est leur passion. Et ça m’a donné une vision très globale du secteur.”

Cette curiosité et cette capacité d’apprentissage forment le meilleur combo pour gagner en crédibilité et accompagner efficacement les clients dans ce monde en mutation permanente.

Un conseil valable pour tout recruteur qui veut s’implanter dans un secteur spécifique. À l’instar de Julien Muzellec, autre membre Achil et spécialiste finance et assurance, qui livre toutes ses clés pour devenir une référence sur son secteur dans cet article.

Candidat passionné recherche entreprise à mission

Si l’incertitude réglementaire freine les employeurs, en revanche, elle n’effraie pas les candidats.

Pour Léa, la tendance est claire : “Les candidats voient une vraie plus-value pour la société. Ils ne pensent pas à la dimension business. Ils se disent que l’écologie, c’est l’avenir. Et d’ailleurs, je dis souvent que je ne recrute pas juste des compétences, mais aussi un engagement.”

Effectivement, les profils ingénieurs et chefs de projet qu’elle rencontre restent animés par une motivation profonde : contribuer à l’innovation et à la transition énergétique.

Et oui. Cette passion est un atout majeur pour le secteur. Elle lui permet de continuer d’attirer des talents en dépit d’un contexte confus.

Une passion qui s’accompagne d’une vigilance accrue. Il faut le dire. En effet, l’expérience du boom photovoltaïque des années 2010, où une quantité d’entreprises ont cherché avant tout un profit rapide, a laissé des traces.

Léa : “Il y a eu une perte de confiance à un moment donné. Côté particulier, on avait l’impression de se faire démarcher sans cesse. Côté collaborateurs, ils devaient vendre des produits, peu convaincus, avec une sensation d’arnaquer les gens. Beaucoup de structures se sont effondrées. Résultat, les candidats veulent aujourd’hui du sens, plus que jamais.”

Si le critère rémunération reste la priorité des candidats, comme le souligne l’étude 2025 de Michael Page, toutefois, pour attirer et fidéliser ces talents passionnés, les entreprises qui sortent du lot sont celles qui ont une vision.

Le greenwashing n’a pas sa place. Cette fameuse pratique qui consiste pour une entreprise à faire croire, à travers sa communication, qu’elle œuvre pour une politique et un positionnement écologique.

Les candidats scrutent les valeurs humaines, ils veulent un projet long terme. En un mot, ils vérifient l’intention réelle de l’entreprise. L’authenticité prime sur l’opportunisme.

Un modèle qui peut et doit inspirer d’autres secteurs.

Ce que les énergies renouvelables enseignent au recrutement d’aujourd’hui

Entre incertitudes politiques et conviction écologique, le secteur des énergies renouvelables illustre un paradoxe riche d’enseignements.

Les contraintes législatives obligent les recruteurs à pivoter, à cibler de nouveaux profils et à ajuster leur stratégie. Mais la passion des talents, elle, reste intacte.

Une passion qui impose aux entreprises d’aller au-delà du discours : mettre en avant et en application leurs valeurs, pour de vrai.

Car recruter dans les énergies renouvelables, ce n’est pas seulement pourvoir un poste. C’est incarner une mission.

Une leçon d’authenticité qui ne vaut pas seulement pour les EnR, mais pour l’ensemble des secteurs d’activité.

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